
Une âme
Freddie Mercury était pour moi une grande âme… Je l’ai vraiment ressenti lors de la vision de ce film.
Il voyait grand, il était extrême, passionné, meurtri aussi…
Il voyait les choses différemment des autres. Brimé à cause de sa dentition, au Pakistan là où il vivait, puis en Angleterre où certains l’appelaient le petit Paki. C’était comme si tout le monde s’arrêtait à son apparence, ne prenait même pas la peine de le connaître vraiment. Même ses deux futurs acolytes avaient ri de lui quand il s’est proposé d’être le chanteur en remplacement du précédent. “Avec de telles dents…”.
Une voix
Mais quand Freddie chante, il prend soudain toute la place, il a une telle puissance, une telle aisance… Il envoûte…
Il se sent à sa place sur scène, improvisant, parfois incontrôlable mais toujours passionné, toujours dans l’intention de donner le meilleur, pour répondre au public, pour donner de la joie à “ceux du fond”…
Car oui il a souffert, bataillant avec lui-même. Un mal-être constant qu’il camouflait sous son extravagance… Il savait supporter tout cela en silence. Il se sentait puissant…
La femme qui savait lire en lui
Seule une femme, la “femme de sa vie” a su lire en lui, a su voir sa grandeur avant même qu’il ne chante. C’est elle aussi qui va l’aider à reconnaître son homosexualité. L’accepter enfin, pour instaurer le calme en lui.
Une nouvelle réalité qu’il a eu difficile à concilier avec ce qu’il avait déjà construit. Il se lance en solo… Il pense avoir trouvé un havre de paix où il est adulé, non jugé, où il peut se permettre toutes les folies. Mais il sait aussi que tout ça c’est paillette, qu’il n’a pas d’ami.
Un passage nécessaire dans sa noirceur, tel un Maître qui va au bout du bout, toucher le fond pour remonter… et voir qu’en fait, il a des vrais amis, une famille… Même si ce fut plus difficile d’être reconnu par son papa.
Queen a participé à la récolte de fonds Live Aid. Freddie voulait tout donner. Il se savait alors condamné. Mais s’apitoyer sur son sort n’était pas dans sa nature. Il ne voulait pas qu’on le regarde avec pitié. Il n’a d’ailleurs annoncé sa maladie à son public que la veille de sa mort.
Il fallait être une grande âme pour vivre ce qu’il a vécu, pour transcender ce qui devait être transcendé. Il ne faisait pas les choses à moitié, sinon ce n’était pas la peine. Il était à sa place sur scène, il sentait alors qu’il apportait aux personnes ce qu’il se sentait apporter. C’était comme sa mission de vie. Il était enfin aligné avec lui-même. Une fondation a été créée à sa mort pour aider financièrement la cause du Sida.
Une magnifique révélation
Je connaissais Queen. J’appréciais leurs chansons, sans avoir pour autant d’albums chez moi. Et là, devant l’écran de cinéma, j’ai été touchée par l’homme à travers cet acteur qui a bien su faire émaner cette grandeur… Ses frustrations, sa rage contenue se sont exprimées dans les paroles et dans la musique et non par de la violence.
Plus personnellement, je me suis rappelée la chance que j’ai eu de ne pas avoir contracté le virus du Sida alors que j’avais bénéficié de beaucoup de sang pour mes grosses opérations orthopédiques à Paris. C’était au début des années 80, en plein expansion encore cachée du SIDA.
Faut-il passer par des blessures si fortes, des humiliations pour rendre quelqu’un si généreux dans sa manière d’être? Non, je ne le crois pas. Je pense plutôt que c’est parce qu’il est une grande âme qu’il a su transformer l’humiliation, le rejet, la frustration en Amour.