
« On n’a rien vu venir » est un livre pour enfant-pré ado qui fait réfléchir sur la vitesse avec laquelle le changement de régime de société peut s’installer. On ne le voit pas car cela se fait petit à petit, tels les enfants que l’on ne voit pas aussi vite changer si on vit avec eux, alors que que les personnes qui ne les voit pas régulièrement les trouvent hyper grandis.
Ou encore l’histoire de la grenouille qui ne se rend pas compte que l’eau dans laquelle elle se trouve boue.
L’histoire
Ce livre commence par la soirée des résultats des élections. C’est le Parti de la Liberté qui a gagné… Seulement voilà, la liberté a une signification différente selon les personnes… Sept auteurs différents, chacun relayant le vécu d’une famille de la ville dans laquelle se déroule le récit dans le contexte de l’après élection du Parti de la Liberté…
Dans cette histoire, il y a les familles impactées directement par ce vote, d’autres indirectement
Directement parce qu’elles ne rentrent pas dans la case « bons » de ce parti: personnes handicapées, personnes d’origine étrangère, personnes homosexuelles…
Indirectement parce qu’elles sont amies de ces personnes exclues et qu’elles ne comprennent pas leur traitement différent.
En fait, toutes les familles sont impactées car les habits sont tous les mêmes, l’heure du réveil est imposé. Pour réduire les frais de santé, des aliments sont interdits, de même que courir car trop dangereux. Il ne s’agirait pas de dépenser trop en soins de santé, … Et puis, c’est pour leur bien…. Qui mieux que les autorités pour leur dire à eux, petit peuple, ce qui est bon pour eux…
Rire, chanter, faire de la musique sont interdits également car ces activités sont jugées trop bruyantes. Et donc finalement, la joie disparaît. Les personnes sont poussées par la force des choses à ressembler à des personnes robotisées sans émotions, sans toutes les caractéristiques qui font que l’Homme est humain: son panel d’émotions, son empathie, sa capacité de discernement, sa diversité physique, sa diversité de pensées, sa liberté aussi, surtout sa liberté…
Soyons conscients: tout peut basculer soudainement
Tout peut basculer soudainement à titre personnel, comme à titre communautaire, voire mondial. Je me suis souvent demandé comment un peuple pouvait avoir choisi un régime totalitaire. Je trouvais ça complètement incohérent, contre la nature humaine. Mais en fait, un tel régime s’installe très très très progressivement, sans qu’on ne s’en rende compte. Nous acceptons des petites choses, toutes petites pas trop contraignantes et qui sont justifiées comme une sorte de mesure, vue les conditions actuelles économiques, environnementales. Nos libertés s’effritent mais restent néanmoins admissibles. Par habitude peut-être? Parce que la génération suivante n’a rien connu d’autres et trouve alors ça normal. Et puis on réduit encore et le cycle continue.
Un jour, il y a un état d’urgence, sécuritaire ou sanitaire qui en impose plus, pour la sécurité de tous. Ces mesures liberticides sont accueillies sans problème par la population qui a peur pour sa vie. Le pays prend les mesures pour les protéger, ils comprennent, même si c’est inconfortable. Ils lui donnent leur accord. Après tout, c’est pour leur bien et puis ce n’est que provisoire. Sauf que le provisoire ressemble étrangement à du définitif. Les mesures sont allégées mais ne sont pas totalement éliminées. N’empêche, elles sont allégées… Alors le peuple se réjouit de cette liberté retrouvée.
Attachez un chien avec 50 cm de laisse. Et au bout d’un moment, mettez-lui une laisse de 2 m et il sera très content…